Chroniques

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Peser sur le bouton « reset »

Le 16 janvier 2025 — Modifié à 08 h 00 min le 16 janvier 2025
Par Roger Lemay

Le début de chaque année, c’est souvent l'occasion de prendre des résolutions, de se donner de nouveaux objectifs et de repartir sur de nouvelles bases. Bref de démarrer l'année avec une dynamique qu’on souhaite positive. Plusieurs en profitent pour se remettre en question, pour se fixer des objectifs clairs et se concentrer sur des améliorations. On se promets de manger mieux, de bouger un peu plus, de cultiver notre intellect, et, pour employer une expression à la mode, de diminuer notre charge mentale, afin de respecter nos limites. L'idée de repartir à zéro est parfois ce dont on a le plus besoin pour retrouver de l'énergie et de la motivation.

C’est ce qu’on peut souhaiter à l’administration de la ville de Saguenay. Embourbée dans des conflits juridiques, déchirée par les chicanes internes et entachée par les disputes, la ville, et ses représentants, ont tout intérêt à peser sur le bouton « reset ». Selon la définition conventionnelle, le bouton de réinitialisation permet de restaurer un appareil ou un système à son état d'origine et de le redémarrer en cas de dysfonctionnement ou de blocage. Ne trouvez-vous pas que pour celles et ceux qui siègent à la ville, cette manipulation serait salutaire? Mais surtout, comment pèse-t-on sur « reset » quand on est une ville?

Si vous travaillez pour une entreprise privée, vous savez que, dans bien des cas, un début d’année est synonyme de plan stratégique. De manière générale, la direction convoque le comité de gestion, mais aussi souvent des employés, pour constituer ce plan qui définit les objectifs à venir.  Il s’agit aussi d’une remise en question. Qu’a-t-on fait de bien l’année dernière, quels ont été nos bons coups? Nos moins bons? Que doit-on changer pour être plus performants? Pour éviter les erreurs passées? Et surtout, quels défis et objectifs se donne-t-on pour les prochains mois, en termes de ventes, de développement des affaires, d’organisation du travail. Pour faire court, on rebrasse les cartes. Ce n’est pas un exercice nécessairement facile. En bon québécois, on se parle dans le casque. Souvent, il en résulte des changements de méthodes de travail, et tout ce qui est changement entraine son lot d’inconfort.

Pour en revenir à la ville, les élus auraient tout intérêt à prendre une journée ou deux, ou un week-end, à l’écart, pour déterminer leurs objectifs de la prochaine année. Appelez ça un Lac-à-l’épaule, ou autre dénomination, l’idée est d’en ressortir avec une vision commune et d’être, comme disent les anglophones, à la même page. Or c’est aux leaders de la ville de convoquer et d’organiser une telle rencontre, au premier chef la mairesse Dufour. Mais il faut se rappeler que, à 9 contre 6, les conseillers actuels ont voté pour le retrait pur et simple de la mairesse, le temps des procédures judiciaires qui pèsent contre elle. Pensez-vous que ça lui tente?

Quoiqu’il en soit il reste peu de temps à Madame Dufour pour qu’elle redresse la barre de son navire, tanguant depuis trop longtemps dans la tempête, au cœur d’une tornade dont les effets sont supérieurs à ce qu’ont pu ressentir les skippeurs du Vendée Globe passant le Cap Horne. C’est le 2 novembre prochain que les citoyens du Québec seront appelés aux urnes pour élire les représentants des 1100 municipalités de la province. Il reste 11 mois pour que l’administration Dufour complète un mandat déjà marqué par la controverse. J’ai écrit dans cette colonne, il y a plusieurs mois, que nous sommes en présence à Saguenay d’un conseil dysfonctionnel et que la dernière année de l’administration Dufour ressemblerait à une longue agonie. J’aimerais bien me tromper.

Il reste pourtant encore plusieurs semaines pour que les élus retrouvent un semblant de cohésion. Lors des derniers mois d’un mandat, ce qu’on appelle une année électorale, les élus arrivent souvent avec des bonbons, des projets sortis de leurs manches. À Saguenay, l’état des finances publiques ne permet pas de promettre mers et mondes. Avec une dette d’un demi-milliard de dollars, cette administration n’est pas dans une position pour annoncer de grands travaux. Verra-t-on une annonce liée à l’aréna? À la zone portuaire? Aux piscines? Au centre-ville de Chicoutimi? À celui de Jonquière? Restons à l’affût. Selon un récent sondage Léger Marketing, 35% des Québécois croient encore aux miracles.

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