Samedi, 14 septembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 2 min 25 s

Lutte à la langue de bois : Kamala Harris

Le 29 août 2024 — Modifié à 08 h 00 min le 29 août 2024
Par Richard Banford

NDLR : L’auteur attendait la fin de la convention démocrate aux États-Unis pour publier ce second volet de ses commentaires concernant l’autobiographie de la candidate à la présidence des États-Unis, Kamala Harris.

Beaucoup d’exemples ressortent de l’autobiographie de la vice-présidente, Kamala Harris, pour justifier le choix du président Biden pour qu’elle devienne sa colistière. Publié en 2019, peu avant sa nomination à la vice-présidence, ce livre offre une révision de l’histoire politique contemporaine des États-Unis.

Bien qu’elle accorde beaucoup de mérites à ses proches et à ses collaborateurs, on comprend aussi que son attachement au travail de terrain lui vaut une grande partie de son succès. On retrouve l’application de ce principe acquis de sa mère chercheuse et spécialiste du cancer du sein dans ce passage où elle démontre que pour elle, les mots comptent et qu’elle parle vrai.

L’importance qu’elle porte à la signification des mots est un autre aspect de la personnalité de ce remarquable personnage politique. Elle déteste la langue de bois que bien de nos politiciens adoptent pour cacher une réalité désobligeante ou pour changer la perception que les citoyens se font des choses.

« Lorsque je m’exprime, écrit Mme Harris, je n’oublie jamais que les mots que je choisis comptent ». Quand elle a accédé au titre de procureure générale, une de ses premières décisions a été d’insister auprès du personnel pour améliorer la terminologie utilisée au travail. Elle donne l’exemple de cet homme qu’elle a fait accuser parce qu’il invitait les internautes à mettre en ligne des contenus sexuellement explicites concernant leurs anciens partenaires sexuels. Après coup, il faisait chanter les personnes ainsi exposées et leur exigeait de l’argent pour effacer leurs photos.

Dans la presse en général on parlait de « revenge porn » (porno vengeur), un terme spectaculaire qui mettait davantage l’accent sur les personnes exploitées que sur l’exploiteur. Elle a convaincu autant les membres de son équipe que les médias d’employer le terme cyberexploitation. Le maître chanteur a été jugé et accusé. L’accent ayant été mis sur lui plutôt que sur les victimes.

Droits civiques

Quand son père, Donald Harris, professeur émérite de l’université de Stanford et sa mère, le docteur Shyamala Gopolan eurent divorcé, Kamala et sa sœur, Maya, suivent leur mère à Montréal de 1976 à 1981 où elle avait été invitée à se joindre aux chercheurs de l’hôpital juif et à l’université McGill.  Kamala poursuivait des études secondaires au collège Westmount, après un bref séjour dans une école francophone, même si elle ne parle pas français.

Elle ne revient pas sur ce sujet dans ‘’Nos vérités’’, mais dans ses mémoires de 2019 elle rappelle son départ de la Californie ensoleillé au beau milieu de l’année scolaire et son arrivée à Montréal en plein hiver sous un couvert de neige de 12 pieds pour intégrer une école francophone avant de s’inscrire plus tard au collège Westmount. Durant tout son séjour à Montréal, elle gardera le mal du pays qu’elle a retrouvé durant ses études universitaires en droit au Howard University.

C’est tout de même à Montréal que lui est venue l’idée de poursuivre des études dans ce domaine. Lorsqu’elle étudie au ‘’Westmount High school’’, elle apprend que sa meilleure amie était victime d’attouchements de la part de son beau-père : « Si je suis devenue procureur, écrit-elle, c’est en grande partie pour protéger des personnes comme elle ».

Cette motivation l’a menée très loin, jusqu’à revendiquer la présidence du pays le plus puissant du monde. Un pays qui a bien besoin d’une leader de cette trempe dont les ambitions surpassent la soif de pouvoir.

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