Samedi, 21 décembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 1 min 53 s

Le courant passe entre Québec et Rio Tinto

Le 19 décembre 2024 — Modifié à 09 h 00 min le 19 décembre 2024
Par Richard Banford

Comme pour nous faire oublier que le développement industriel laisse toujours à désirer au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Rio Tinto annonce un projet de 20 millions $ pour l’extraction du gallium à partir des résidus de la bauxite. Le ministère des Ressources naturelles du Québec y participera à la hauteur de 7 millions $ dans le cadre de son programme visant à soutenir la transition énergétique au Québec.

S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour le domaine technologique, elle ne constitue pas un vecteur de création d’emplois ni d’encourageants développements pour l’industrie de l’aluminium elle-même. Tout au plus, cet investissement consolidera certains emplois par la construction d’une nouvelle usine de démonstration de la technologie d’extraction du gallium à partir des résidus de bauxite.

MÉTAL CRITIQUE

Ce n’est pas d’hier que les laboratoires de recherche de Rio Tinto savent que les résidus de bauxite contiennent des métaux critiques comme le gallium. Mais son extraction nécessite des investissements importants qui influencent la rentabilité de l’opération. Jusqu’ici, la Chine restait le principal fournisseur de ce métal utilisé dans les semi-conducteurs pour la fabrication des téléphones cellulaires et la production de véhicules électriques.

Or, depuis la décision des États-Unis d’augmenter les tarifs douaniers pour tous les produits chinois, le gallium prend suffisamment de valeur pour que Rio Tinto réévalue sa décision de se lancer dans son extraction. Québec, réceptif à tout ce qui a trait à la transition énergétique, ne pouvait rater l’occasion de soutenir cette initiative tout comme il l’a fait pour Élysis, le traitement des boues rouges et pour les nouvelles cuves AP 60.

ACQUISITION DE CONNAISSANCES

Comme le soulignait la ministre des Ressources naturelles, Maïté Blanchette-Vézina, il s’agit d’une occasion pour le Québec de se placer parmi les grands joueurs mondiaux en matière de métaux critiques. Effectivement, la plus large production d’aluminium au pays se trouve au Québec qui pourrait ainsi devenir un fournisseur mondial de gallium. Cependant, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué car, comme pour Élysis et l’AP60, les projets énergétiques doivent franchir plusieurs étapes avant d’atteindre la faisabilité. On le constate aussi chez Northvolt et plus près de nous chez First phosphate, qui vient d’installer à la Baie une usine de fer-phosphate pour y extraire le lithium recherché pour les batteries de lithium fer-phosphate (LFP).

VERS LA CARBONEUTRALITÉ

La production d’aluminium, il faut le rappeler, ne constitue qu’une faible part des activités de la multinationale australo-britannique Rio Tinto, mais cette transformation de bauxite en alumine se retrouve parmi les plus polluantes de ses activités. Elle résulte en d’énormes amas de boue rouge qu’on cherche depuis 20 ans à éliminer. Traiter les résidus de bauxite pour en extraire du gallium s’avère une autre partie de la solution et Québec devait y prêter intérêt.

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