C’est l’avant-dernière semaine de janvier et j’ai déjà scrappé les résolutions que j’avais prises pour 2024. Elles ont levé l’ancre pour voguer vers un monde imaginaire dans lequel une version améliorée de moi-même s’épanouit à engloutir des smoothies au chou kale après une séance de pilates mural bien revigorante.
J’ai essayé mais, ce n’est pas moi ça. Ça ne le sera jamais. À la mi-quarantaine, je prends une résolution définitive : j’embarque pu là-dedans. Le culte du corps, de la beauté, de l’éternelle jeunesse. Des idéaux inatteignables. Je mords au sang la face de la prochaine personne qui me dit: t’es belle pour ton âge.
Je ne veux pas être engloutie dans une spirale qui va toujours exiger plus pour que mon corps et ma face restent d’apparences jeunes-minces-tonifiésfermes-lisses-époilés-sinon-bien-trimés-et-tout-autre-qualificatif-au-choix qui vont faire qu’à la longue, je vais me sentir comme un déchet de ne faire que peu de sport et de choisir la poutine sur le menu du resto au lieu du potage du moment et son verre d’eau.
J’veux pas mettre 125 $ sur un sérum qui va aider à camoufler les taches pigmentaires de mon visage. Pourquoi je dois les cacher au juste ? Qui a décrété qu’il fallait les masquer ? Ces taches, je les imagine être des constellations à la place. Si je relie les petites marques sur ma tempe gauche, on dirait la constellation de la balance. Ça tombe bien: trouver mon équilibre, et me balancer du reste.
Les seuls standards que je vais suivre désormais seront les miens.
Meg Ryan, un jour, s’est trouvée moche au point de décider de faire ajuster son visage. Qu’est ce qui est arrivé pour que tu arrêtes de te trouver belle, Meg ? Quelle pression as-tu ressentie pour laisser des bistouris inciser la peau de ton visage ?
J’ai mal à cette pression. Je la refuse.
Ma résolution nouvelle : cultiver mon intérieur pour apprendre à me sacrer de cette course sans fin vers l’atteinte de standards fixés, par je ne sais trop qui, mais dont je suis certaine d’une chose : on a des trucs à me vendre.
Si c’est pas des churros, vous l’aurez pas mon argent.
Qu’est-ce tu vas faire si j’ai des rides
Qu’est-ce tu vas faire si j’prends du bide?
Me d’mandait ma blonde,
Et moé de lui répondre.
Penses-y un peu, t’es-tu sérieuse ?
Arrête de boire t’auras pas d’bide
Arrête de rire t’auras pas de rides
Mais c’est écrit en pattes d’oie que t’as du fun
Dans tes livres de trop que la vie est bonne
On s’en calisse tu? T’es-tu sérieuse ?
T’es ben plus cute quand t’es heureuse
Ben plus que botoxée a’ec les doigts dans le fond du gargoton
-QRBP
Chaque semaine, un membre de l’équipe de Trium Médias prend parole sur un sujet de son choix, c’est La Jasette de la gazette.