Mercredi, 16 octobre 2024

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Accusations de manœuvres électorales frauduleuses

Les élus votent majoritairement en faveur du retrait de Julie Dufour

Sara-Léa Bouchard
Le 10 octobre 2024 — Modifié à 12 h 23 min le 10 octobre 2024
Par Sara-Léa Bouchard - Journaliste

C’est dans une salle pleine à craquer de l’hôtel de ville que les élus se sont prononcés sur le sort de la mairesse Julie Dufour, lors de la séance extraordinaire du conseil municipal, ce jeudi. Dans un vote de 9 contre 6, la majorité des conseillers ont voté en faveur du retrait temporaire de la mairesse.  

Le débat aura attiré près d’une dizaine de citoyens de Saguenay, où un seul point était à l’ordre du jour. Plusieurs membres autour de la table ont désigné le fait que les trois constats d’infraction du Directeur général des élections (DGEQ) qui ont été remis à Julie Dufour et dévoilés au public dimanche ne peuvent se consolider avec son rôle de mairesse. Rappelons qu’il s’agit d’un vote d’intention et que la résolution adoptée ne donne aucun pouvoir aux conseillers de déloger Julie Dufour de son poste. Elle demeure d’ailleurs confiante qu’elle pourra prendre en charge un nouveau mandat.

« Peu importe le résultat, ma décision restera la même. Je vais plaider non coupable. Je vais me défendre sans réserve. Je n’ai pas besoin de prendre un congé de deux semaines, ni de deux mois, ni de trois mois. Je ne démissionnerai pas non plus. J’aime tellement ma ville que je vais me représenter aux prochaines élections », a mentionné la principale intéressée.  

Le texte de la résolution proposait le retrait de la mairesse avec solde, et ce, pour la durée des procédures judiciaires en lien avec ces trois constats émis pour des manœuvres électorales frauduleuses. Les conseillers en faveur ont été Raynald Simard, Marc Bouchard, Jacques Cleary, Michel Tremblay, Mireille Jean, Serge Gaudreault, Jean-Marc Crevier, Michel Thiffault et Jimmy Bouchard.  

Forts plaidoyers

Nombreux ont été les conseillers à complètement se laisser aller et se montrer émotif durant la tenue de l’assemblée. N’ayant pas eu de plénière au préalable, la première portion de la séance a été dédiée à une longue période d’allocutions. Plusieurs élus ont statué que leur rôle n’est pas celui de juger quiconque dans cette situation. C’est le cas du conseiller du district 3, Michel Thiffault.

« Honnêtement madame la mairesse, je ne prends pas position vous ou M. Crevier. Je vais voter parce que je pense que vous devez vous retirer le temps des procédures. Il y a des tensions qui règnent. Je vote selon ma conscience. »

M. Thiffault a même été gagné par l’émotion en avouant qu’il comptait voter pour le retrait de la mairesse. « Pensez-vous que c’est agréable? Je ne me suis pas présenté en politique pour ça », a-t-il souligné.

Carl Dufour a aussi pris la parole, retenant ses larmes.

« Ça rend émotif ces choses-là. J’ai des enfants, j’ai des filles. Je ne voudrais pas qu’elles soient dans cette position-là. »

Incertitude quant aux frais de justice

L’incertitude plane toujours concernant à qui doit revenir la responsabilité de payer les frais de justice de la mairesse, bien que le ministère des Affaires municipales du Québec a apporté ses lumières au dossier cette semaine.

« La Loi sur les cités et villes prévoit un régime de défense des élus dans des situations clairement spécifiées. Les poursuites pénales intentées par le DGEQ, telles que la situation en cours concernant la mairesse de Saguenay, ne figurent pas dans les situations couvertes par ce régime. Les frais juridiques ne devraient donc pas être remboursés par la municipalité », avait-on rapporté.

Pourtant, le grand argentier de la Ville, Michel Potvin, avait admis sans équivoque mardi que la municipalité allait s’occuper de défrayer les futurs frais de Cour de justice.

Marc Bouchard a d’ailleurs renchéri à ce propos en point de presse, à la fin de la séance.

« Des demandes sont faites, Mme Dufour a dit qu’elle avait fait la demande à savoir si la Ville pouvait couvrir ses frais. Nos services juridiques vont faire l’analyse, et on verra une fois que la recommandation sera faite. […] Je ne suis pas juriste, et si je ne me trompe pas c’est à l’exécutif de trancher si la ville va payer ses frais ou non. »

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