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Allergies saisonnières

Une saison plus précoce, plus intense et plus longue

Jean-François Desbiens
Le 07 juin 2024 — Modifié à 08 h 30 min le 07 juin 2024
Par Jean-François Desbiens - Journaliste

Pour plusieurs personnes dans la région, le printemps hâtif que nous connaissons est encore plus synonyme qu’à l’habitude d’yeux rouges, d’éternuement et de nez qui coule. La saison des allergies, qu'on appelle communément le rhume des fois, a commencé plus tôt et elle est aussi plus intense.

La professeure au département des sciences fondamentales de l’UQAC, Catherine Laprise, en sait quelque chose. Elle n’avait jamais eu aucun symptôme d’allergies dans sa vie auparavant, mais doit maintenant composer avec plusieurs désagréments.

« La saison est plus sévère et plus de gens en souffrent, souligne-t-elle. La densité allergène dans l’air est plus importante. Cette année, il y a tellement de pollen que la quantité est suffisante pour me faire réagir. C’est la première fois que je fais de la rhinite allergique. Je prends des médicaments tous les matins. »

Plusieurs facteurs expliquent le phénomène à son avis, mais d’abord et avant tout le réchauffement climatique.

« Les saisons de pollen sont plus longues. Ça commence au printemps et ça finit en septembre-octobre. On rajoute un mois. La chaleur et l’humidité font qu’il y a une plus grande quantité de pollens, mais surtout, qu’ils sont mieux transportés et souvent assemblés avec des particules fines dans l’air, la pollution. Ils deviennent plus petits, donc vont plus loin et plus vite. Et il y en a une plus grande quantité d’allergènes en contact avec nos cellules qui réagissent et s’enflamment. »

L’environnement est également un facteur déterminant, rappelle la titulaire de la Chaire de recherche en santé du Canada sur l’étude des déterminants génétiques de l’asthme.

« Beaucoup de personnes sont allergiques au bouleau jaune. Le système immunitaire a des ratés et réagit comme si c’était un corps étranger. Ce n’est pas une bonne idée d’en avoir beaucoup sur son terrain. Et il n’y a pas qu’une seule catégorie d’allergènes. Des gens utilisent par exemple des herbacés comme décoration, mais plusieurs sont sensibles à ces arbres. Les arbres mâles ont aussi plus de pollens. On doit parfois se rabattre sur d’autres choix. »

Conseils

Catherine Laprise conseille aux personnes qui souffrent particulièrement d’allergies de prendre de grandes marches après la pluie, parce qu’elle fait tomber le pollen en général.

Fermer les fenêtres également afin de diminuer l’exposition et ne pas faire sécher son linge sur la corde, parce que c’est une porte d’entrée pour les allergènes à l’intérieur par la suite.

Restent les nombreux médicaments en vente libre. Mais ce n’est pas toujours suffisant si on est vraiment très allergique. Elle recommande alors des stéroïdes par voie orale semblables aux pompes pour l’asthme disponibles sur prescription.

« Il ne faut pas avoir peur de les prendre par crainte d’une dépendance, quand l’inflammation est trop importante. C’est pour réparer la muqueuse nasale. Ça enlève l’inflammation et c’est important parce que sinon, on peut avoir du remodelage de nos voies respiratoires, ce qui cause des dommages irréversibles. »

Et se soigner risque de devenir la normale selon elle.

« Ça fait deux années qu’on voit ça et l’an dernier, c’était encore pire avec les feux de forêt. Je pense qu’il va falloir s’adapter. On a fait des avancées pour des traitements, mais il en reste encore beaucoup à faire. »

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