Ce n’est pas seulement une première almatoise mais aussi une première régionale. Un artiste d’ici, l’Almatois Marc-André Gilbert, est actuellement en nomination au fameux gala des Victoires, l’équivalent en France du gala de l’ADISQ, bref, la grande fête annuelle de la chanson française. Il s’agit d’un honneur bien mérité pour l’auteur-compositeur et homme d’affaires, qui connait présentement une ascension fulgurante grâce à ses succès en musique et son entreprise de publicité.
« Je suis sur un nuage, il faut que je me pince » confie au bout du fil Marc-André Gilbert, reconnaissant des honneurs qu’il reçoit depuis quelques mois, lui qui a également été mis en nomination pour la chanson de l’année à l’ ADISQ, aux côtés d’Aliocha Schneider, l’interprète de « Ensemble », une balade mélancolique sur le thème des relations à distance, et qui a fait son chemin, mais qui aurait très bien pu rester dans les cartons. C’est cette même chanson qui est actuellement en lice pour l’obtention du trophée de la meilleure chanson de 2024 en France.
La chanson a failli ne pas exister
« C’est très drôle comme histoire. Aliocha et moi, nous avons composé la mélodie plutôt vite, de même que les paroles, mais on n’arrivait pas à la terminer, à trouver la bonne fin. C’est lors d’un séjour en Grèce, en prenant plusieurs marches, qu’on a finalement trouvé la dernière ligne : est-ce que ça suffit de s'attendre? On s’est dit qu’on tenait quelque chose » explique sourire en coin Marc-André Gilbert.
Mais Schneider hésite encore avant de sortir la chanson. Celle-ci, basée sur la relation qu’il vivait avec sa conjointe, la chanteuse Charlotte Cardin, et qui était dans une phase difficile, était-elle trop personnelle ?
« Aliocha a mis du temps à se décider. C’est devenu un gag entre nous, à chaque fois que je le rencontrais je lui demandais quand il serait prêt à sortir la chanson. On la reportait toujours. Il y avait deux raisons à ça. D’abord, les compagnies de disques préféraient mettre de l’avant des chansons un peu plus uptempo, bref plus rapides et plus rythmées, et puis je crois qu’Aliocha la trouvait un peu trop convenue, bref un peu banale. »
Mais l’auteur-compositeur ne met pas long à convaincre son complice. « Je lui répétais qu’une bonne chanson était une bonne chanson, peu importe son style. Et qu’il avait avantage à dévoiler sa vulnérabilité, même si je comprenais sa pudeur ». La suite lui donnera raison. « Ensemble » obtient rapidement la faveur du public, des deux côtés de l’océan. Avant le coup de foudre professionnel entre Marc-André Gilbert et Aliocha Schneider, le nombre d’écoutes sur les sites de musique en streaming plafonnait pour le chanteur franco-québécois, à tel point que celui-ci songeait même à abandonner la chanson. Il faut dire que la carrière multiplateforme de Schneider a de quoi l’occuper. En date d’aujourd’hui, le jeune artiste de seulement 31 ans compte à son actif déjà une quinzaine de rôles au cinéma, autant pour ceux à la télé, en plus 4 albums. Une feuille de route enviable. Mais c’est véritablement depuis (et grâce à) son association avec Marc-André qu’il a vu sa carrière musicale rebondir.
Un choix du public
Ensemble sera en lutte contre des pièces de Pierre Garnier, Santa, Solann et Clara Luciani. « Deux des pièces en nomination sont d’artistes issus d’émissions de téléréalité comme La Voix. Bref elles sont poussées par de grosses machines et ont déjà des dizaines de millions de vues. Mais nous avons nos chances, nous sommes en bonne posture. Peut-être que les voteurs vont justement apprécier notre travail intimiste, plus indépendant » estime Marc-André Gilbert. La Victoire de la chanson de l’année en France est en effet choisie à l’issue d’un vote du public et non par les membres d’une académie.
Aliocha Schneider est aussi en lice pour les Victoires Révélation masculine et Révélation scène. Le dernier prix Victoire remporté par le Québec remonte à 2010 quand Comme des enfants, de Cœur de pirate, avait été élue Chanson originale de l’année.
Marc-André Gilbert connait maintenant bien la région parisienne pour y séjourner régulièrement à l’invitation d’Aliocha qui y possède un appartement, dans le quartier Montmartre. Il y a atteint le summum d’émotions il y a quelques semaines à peine, lors des spectacles d’Aliocha, puis de Charlotte Cardin, dont il a produit et composé les chansons de l’album à succès Phoenix.
Un séjour parisien émotif
« Un soir, Aliocha se produisait à l’Olympia. J’étais là, à observer les milliers de personnes dans la foule qui chantaient les chansons que j’avais composées. Le lendemain, c’était au tour de Charlotte au Zénith. Je n’ai jamais connu pareille émotion, j’étais vraiment dans la gratitude et la reconnaissance. C’était capoté ! ».
Sans être adulé comme une vedette rock, Marc-André Gilbert est aujourd’hui souvent reconnu dans les rues parisiennes, ce qui le fait sourire. « Parfois, avec Aliocha, on m’interpelle dans les commerces. On va souvent par exemple composer dans le même café, où on s’offre des crêpes bretonnes. Des gens nous reconnaissent. C’est sympa ».
Mais c’est encore bien souvent vers le Lac-Saint-Jean que l’Almatois se tourne pour trouver l’inspiration. Il y revient régulièrement, se poser dans la nature, afin d’y puiser l’énergie nécessaire à la création. De nouvelles mélodies naissent parfois du silence, ou du simple sifflement du vent dans les arbres.
« Je voudrais que les gens d’Alma et du Lac sachent que je les porte en moi. Si j’ai quelque succès, c’est que j’ai été bien entouré, de ma famille, de mes amis, de tous ceux qui m’ont aidé et inculqué de belles valeurs. C’est eux qui m’ont donné tous les outils » conclut Marc-André Gilbert.