Alors que les tarifs douaniers de 25 % sur l’importation de l’aluminium canadien vers les É.-U. peuvent faire mal aux transformateurs et consommateurs, ils se révèlent une source de revenus supplémentaires pour Rio Tinto. On pourra compter par milliards les profits encaissés éventuellement par la multinationale si la folle envolée protectionniste du président Trump se poursuit.
À partir de la première vague de 2018 jusqu’à 2025, les alumineries ont empoché des milliards de dollars. En août 2018, la multinationale Rio Tinto annonçait un bénéfice net de 4,3 milliards $ US, à mi-chemin de son exercice financier. Une hausse de 33 % par rapport à la même période l’année précédente. C’était directement relié à la hausse des tarifs du premier mandat de Trump.
PRIX ÉTABLI PAR LE LME
La valeur de l’aluminium est établie à Londres par le London Metal Exchange, à laquelle on ajoute une prime régionale, la Midwest pour le Canada. Le prix de l’aluminium est donc le même partout à travers le monde. Ce sont les importateurs qui défrayent les coûts de la surtaxe et de la prime Midwest.
La hausse de bénéfices des alumineries vient de ce que les taxes qui gonflent le prix de l’aluminium vendu ailleurs qu’aux États-Unis échappent à la douane américaine et se retrouvent dans les coffres des alumineries.
Ainsi, dans notre région et au Québec, même si les produits des transformateurs ne traversent pas la frontière, ils doivent quand même payer le 25 % supplémentaire qui se trouve dans le prix fixé par le LME.
NOTRE RÉGION AFFECTÉE
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean produit la plus large part de tout l’aluminium produit au Québec, ce qui contribue à placer notre région parmi les plus affectées de la province par la hausse des tarifs imposés par le président américain. Même si leur usine se dresse tout près de l’usine de production, à Alma ou à Saguenay par exemple, les transformateurs doivent payer le prix qui comprend la surtaxe et une prime régionale.
Comme le mentionne l’économiste Marc-Urbain Proulx, de l’UQAC, nos transformateurs ne jouissent pas d’avantages compétitifs et, en plus, leurs frais de transport sont plus élevés par rapport à leurs concurrents américains dont les produits finis parcourent de moins longues distances.
CRAINTES DE RIO TINTO
Par ailleurs, Rio Tinto a raison de craindre que cette guerre tarifaire puisse éventuellement avoir des conséquences désastreuses sur les importateurs. Si la demande pour les produits transformés baisse, celle des importateurs suivra aussi.
Fort heureusement, l’aluminium du Québec, produit avec l’électricité au tarif L, s’avère très compétitif et de qualité supérieure. Même si l’AL13 n’est toujours pas aussi vert qu’on veut bien nous le laisser croire, il dépasse en écoresponsabilité la production au charbon de la Russie et de la Chine.
Il n’en demeure pas moins que Rio Tinto est moins à plaindre que les transformateurs dans cette guerre tarifaire mondiale lancée pour satisfaire le narcissisme d’un président républicain.