La rue Racine de l’arrondissement de Chicoutimi, celle-là même qu’on a reconnue unanimement autour de la table du conseil comme le centre-ville de Saguenay, subit depuis quelques mois l’abandon de plusieurs commerçants. Incidemment, aujourd’hui, des représentants de la Ville devaient rencontrer ceux de la SAQ pour tenter de les convaincre de revenir sur la décision.
Je doute qu’ils puissent faire infléchir la société d’État qui vient de faire subir le même sort à sa succursale du Carré Davis, du secteur Arvida. Ces sociétés monopolistiques sont contrôlées à partir des maisons mères généralement plus enclines à se soucier de la rentabilité générale qu’à assurer des services de proximité.
L’ITINÉRANCE FAIT PEUR
On peut toujours nous faire croire que cette décision de la SAQ se base sur une question de rentabilité, mais le problème est beaucoup plus profond et la situation inquiète dans tout le secteur. Les politiciens et les commerçants en parlent sous le couvert, mais la nouvelle réalité de l’itinérance à Saguenay rend la vie dure aux commerçants.
Le bas de la rue Racine était déjà reconnu pour son nombre élevé de personnes en situation d’itinérance, mais l’afflux de ces défavorisés de la société touche également le haut de ce centre-ville.
La fermeture de Tailleur Laflamme (une institution), et le départ de la pharmacie Jean Coutu, accolée au stationnement à étages (qu’on attribuait à une décision d’affaires), s’expliquent aussi en partie par cette nouvelle clientèle de personnes sans-abri qui faisait fuir les clients réguliers. Personne n’ose en parler publiquement, mais chez les commerçants, le problème revient souvent dans les conversations.
L’AXE ATTIRE LES MÉDECINS
À l’époque de l’administration du maire Jean Tremblay, on misait énormément sur la rétention des professionnels de la santé dans les bureaux des centres-villes. Un règlement obligeait les bureaux des professionnels de la santé à s’installer au centre-ville.
L’arrivée de la nouvelle administration a modifié ce règlement pour ouvrir la voie au développement de complexes de santé comme l’Axe, établi au coin Talbot et boulevard du Royaume. On comprend les professionnels de la santé de vouloir s’établir dans un édifice moderne offrant tous les services et toutes les opportunités de convergence.
Le centre-ville de Saguenay a cependant conservé les services en santé mentale et en réinsertion sociale dont les bénéficiaires sont souvent confondus avec les personnes en situation d’itinérance. Mais on est très loin de la « gentrification » recherchée par la conseillère Mireille Jean.
ESPACES LIBRES
Pourtant, tout le secteur de ce vaste centre-ville offre des espaces pour convenir à la construction de nouveaux appartements style condo sur cette zone portuaire. La nouvelle génération techno adore la proximité de ses lieux de travail. Or, rien du domaine de l’habitation ne leur est offert sur ce site inscrit au plan d’urbanisme.
On prévoyait des actions concrètes, mais rien de tel ne pointe à travers la tempête médiatique qui secoue actuellement l’hôtel de ville de Saguenay.