Mercredi, 29 janvier 2025

Chroniques

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Motus et bouches cousues à Saguenay

Le 23 janvier 2025 — Modifié à 14 h 00 min le 23 janvier 2025
Par Richard Banford

Celle qui a remporté les élections à la mairie en menant sa campagne sur la transparence met fin à son mandat dans l’obscurité et la confusion la plus totale. Aidée de son directeur général, la mairesse, Julie Dufour, impose le bâillon à ses subordonnés tout comme aux 15 conseillers de la ville du Saguenay.

On s’attendait, tout comme la Commission municipale du Québec, à ce que le conseil de ville mette à l’ordre du jour leur décision de protéger ou non le secret professionnel de leur avocat concernant le contenu de l’avis sur lequel les membres du conseil se basent pour accepter que la ville paie les frais juridiques de la mairesse. Or, la requête des conseillers Jean-Marc Crevier et Serge Gaudreault de mettre cette question à l’ordre du jour, a fait chou blanc. Tous les autres conseillers présents ayant voté contre.

PLÉNIÈRE TUMULTUEUSE

On a appris, seulement après la tenue du conseil de ville de mardi, que le débat sur la question de rendre public ou non le contenu de cet avis public s’est tenu la veille, à l’occasion de la rencontre préparatoire à l’assemblée publique. Cette plénière, tenue par un avocat externe de la ville, Me Sébastien Dion, en zoom, a duré 3h30. Me Dion a expliqué que, comme personne morale, la ville était tenue au secret professionnel, au même titre que l’avocat qui la représente. La ville de Saguenay pouvait y renoncer, comme le souhaitait la DEPIM, par une résolution à cet effet, mais le sujet n’a même pas été inscrit à l’ordre du jour.

Près de 3h30 d’échanges parfois tumultueux, qui se sont conclus par une décision de rester muet sur le sujet à la séance régulière de mardi midi.

CONSEILLERS MUSELÉS

À l’exception des conseillers membres du Comité exécutif de la ville, personne n’a pu voir le contenu de cet intrigant avis juridique. En fait, les conseillers qui le désirent devaient passer au bureau du directeur général pour consulter l’avis en question. Cependant, il aurait fallu qu’ils signent un document pour garantir leur silence sur cette question.

Mis à part les conseillers membres du Comité exécutif, aucun ne s’est présenté au bureau du dg pour consulter de cet avis, dont le contenu donnerait raison aux membres du conseil de ville d’accorder le paiement des frais juridiques de la mairesse.

CONTRIBUABLE PAYEUR

Sans doute faudra-t-il attendre la tenue du procès de la mairesse en avril pour en connaître plus long sur la teneur de cet avis. En attendant, les membres du conseil ont déjà voté majoritairement pour le paiement des frais d’avocats reliés à cette affaire. Ajoutés aux frais d’avocat relatifs au congédiement du dg de la STS (plus de 500 000$ aux dernières nouvelles) et ceux de la poursuite intentée par la greffière, on doit considérer que 2024 va battre tous les records déjà établis dans ce domaine.

Comme la ville n’a pas renoncé à son droit de garder le secret professionnel, une décision doit être rendue par la DEPIM sur la suite des choses. Pour le moment, au conseil de ville, le mot d’ordre est motus et bouches cousues.

Alors comment peut-on rester indifférent à ce que nous réserve l’avenir sous Trump? Certes, les déclarations intempestives du nouveau président américain créent un mouvement de solidarité entre les politiciens canadiens, comme le souligne l’ex-premier ministre Jean Chrétien, dans une lettre ouverte au Devoir, récemment. Nos politiciens doivent entamer des discussions avec leurs homologues américains, mais leurs arguments paraissent futiles devant l’impressionnante force de frappe de nos voisins du Sud. C’est David contre Goliath, mais un David qui n’a pas que pour fronde sa volonté de demeurer souverain.

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