Dans chaque édition du Réveil, nous vous proposons une entrevue avec une personnalité publique. L’idée est d’aller un peu plus loin sur ce que l’on connaît de cette personne. Cette semaine, Jimmy Desbiens, le nouveau Monsieur météo régional.
Le chroniqueur et gestionnaire du site internet Météo Chicoutimi réussit aujourd’hui à vivre uniquement de sa passion, soit surveiller les soubresauts de Dame Nature, sans être un météorologue de formation.
En plus de voir votre travail sur le Web, on vous entend régulièrement à la radio et vous collaborez également parfois avec MétéoMédia. Vous êtes né à Jonquière. Comment votre parcours a commencé?
Moi, quand j’avais 5 ans, au lieu d’écouter les Schtroumpfs ou les Pierrafeu à la télévision comme plusieurs enfants de mon âge, je regardais Météomédia. Pourquoi? Je ne le sais pas. J’ai toujours aimé la météo, même si je n’ai personne dans ma famille qui gravitait autour. Le soir, en hiver, on avait un lit superposé et je dormais sur celui du haut pour regarder par la fenêtre la neige tomber sur le lampadaire. Je pouvais passer la nuit à faire ça. Et je le fais encore à 36 ans.
Au-delà de l’observation, pour en arriver à faire des prévisions, il faut avoir des connaissances. Comment faites-vous?
C’est une formation en continu, qui n’arrête jamais. Quand j’ai eu 17-18 ans, j’ai commencé à avoir des emplois et un peu plus d’argent. J’ai commencé à m’acheter du matériel de base pour mesurer le vent, la pression atmosphérique ou encore les précipitations. Mais tranquillement pas vite, tu t’aperçois que les stations à 150 $ ont des limites. Pour faire de quoi de fiable, j’ai commencé à m’acheter du matériel plus sophistiqué. J’ai partagé mes observations et je me suis rapidement rendu compte avec les réseaux sociaux que les gens mangent de la météo. Ils se lèvent le matin et ils veulent savoir quel temps il fera. Le midi et le soir, ils veulent savoir ce qui s’en vient le lendemain. J’ai décollé Météo Chicoutimi et aujourd’hui, on est rendu avec plus de 55 000 abonnés.
Vous avez combien de stations qui recueillent des données dans la région?
J’en ai 24. Certaines ne sont pas accessibles au public parce que ce sont des entreprises privées qui en ont besoin. Une vingtaine sont accessibles à tout le monde, de Girardville jusqu’à L’Anse-Saint-Jean. Ça prend beaucoup d’heures de travail et de l’acharnement. Pour ouvrir une entreprise de météo, il n’y a pas de modèle à suivre. J’ai parfois frappé des murs et certaines personnes m’ont regardé avec beaucoup de dénigrement. Mais je n’ai pas lâché.
Qu’est-ce que les gens seraient surpris d’apprendre sur vous qu’ils ne savent pas?
C’est une bonne question. J’en parle parfois à l’occasion, mais ce n’est pas tout le monde qui le sait. J’ai un trouble du déficit de l’attention avec une possible hyperactivité (TDAH). Ça me demande une bonne maîtrise de moi et il faut que je jongle avec ça. Quand tu as une entreprise et que tu fais tout de A à Z, il ne faut pas s’éparpiller. Il y a la facturation, les comptes à payer, les obligations. Ce n’est plus juste de la météo. Il ne faut rien oublier. Ça m’empêche de dormir à l’occasion. J’ai appris avec le temps et je suis suivi par mon médecin, mais il y a toujours des hauts et des bas. C’est dur à gérer à l’occasion. C’est un défi en soi. Un job de météo, c’est 24 heures par jour et 7 jours par semaine. Les tempêtes de neige n’ont pas d’heure. Si elle commence à 2 heures du matin, il faut que je sois prêt.
Avez-vous des projets?
Des gens me parlent souvent de développer une application, mais je ne suis pas encore là. Ça coûte très cher. Quand tu embarques dans la météo, c’est toujours un peu plus compliqué. Pour l’instant, je travaille sur de l’affichage extérieur qui serait installé dans des centres de plein air qui ont déjà mes équipements. Des fois, dans des montagnes de ski, les gens attendent pour utiliser les remonte-pentes et trouvent qu’il ne fait pas chaud et que les vents sont forts. Je regarde pour me fabriquer de l’affichage qui va à l’extérieur pour montrer les données aux utilisateurs. On est au stade de conception, mais j’ai engagé quelqu’un pour m’aider à mettre ça en place. On va faire des tests. Ce serait des ajouts à l’expérience client que les gens pourraient vivre. Le Norvégien pourrait en bénéficier. Le Valinouët aussi.