Il n’y a pas que les agriculteurs, la restauration rapide et le domaine de la construction qui sont touchés par les coupures en immigration de la part des gouvernements supérieurs. Les cégeps et surtout les universités auront du mal à joindre les deux bouts dans les prochaines années. Ces institutions d’éducation supérieure sont les victimes collatérales des décisions souvent erratiques du gouvernement de la CAQ comme celles des libéraux fédéraux.
Les cégeps ont été les premiers touchés en 2024 lorsque les mesures imposées par Québec augmentaient considérablement les cas de refus de renouvellement de certificats pour études et, cette année, les universités devront se passer d’une grande partie de la clientèle étrangère, source de revenus de plus en plus importante pour les universités québécoises.
BAISSE D’ADMISSION DRASTIQUE
Une étude du cabinet-conseil en management, Volume 10, réalisée de 2024 à 2025, révèle que les demandes d’étudiants internationaux ont chuté de 45,9 % dans les universités québécoises. La mise en place en janvier 2024 par le gouvernement fédéral d’un plafond du nombre de permis d’études aux étudiants étrangers explique cet écart. Le fédéral l’a ensuite ramené à 10 % en janvier 2025, mais le gouvernement québécois est allé dans le sens contraire. En février dernier, la CAQ instaurait un quota limitant les étudiants étrangers à être admis dans les universités de la province. Bref, les universités sont toujours privées d’une source de revenus considérable.
BEAUCOUP TROP D’IMPROVISATION
On le sait, les politiciens sont sensibles aux fluctuations de l’aiguille des sondages. Ils prennent des décisions pour régulariser la situation, mais souvent sans penser plus loin que leur intérêt politique. On trouve un bel exemple dans l’étude de 230 pages réalisée par Volume 10. Le rapport fait état de 11 modifications aux politiques d’admission des étudiants provenant d’autres pays par le gouvernement Legault et par Ottawa depuis 2020.
IMPACT SUR LA RECHERCHE
L’étude indique qu’une majorité d’étudiants étrangers, 49 %, se rendent au doctorat. Ils représentent une grande partie des chercheurs dans des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle, le génie et les sciences de la santé. Depuis que le Québec est aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre, les étudiants québécois s’intéressent moins aux études supérieures. Ils perçoivent des occasions de se trouver un bon emploi sans se consacrer à de longues études.
En réduisant le nombre d’étudiants étrangers, il devient impossible pour les universités québécoises de maintenir l’intensité des recherches universitaires.
CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE
En se privant de la clientèle des étudiants étrangers, la décision des responsables politiques du Québec, comme ceux d’Ottawa, prive l’économie du Québec d’une contribution annuelle de 4,2 milliards de dollars, nous apprend encore le rapport. Ces mesures politiques de courte vue s’ajoutent à une liste de décisions inexplicables qui mettent à l’épreuve la crédibilité des politiciens et poussent l’aiguille de leur popularité vers le bas.