Dimanche, 20 juillet 2025

Chroniques

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Financer des surplus à même la dette

Le 12 juin 2025 — Modifié à 09 h 00 min le 12 juin 2025
Par Richard Banford

C’est inquiétant d’assister à la lecture d’un rapport financier d’une ville sans qu’aucun conseiller ne pose de questions, sans qu’aucun d’entre eux ne propose une analyse sérieuse. Pourtant, à la plénière tenue la veille, la comptable en chef a expliqué en détail tous les tenants et aboutissants de cet exercice annuel incontournable.  

Les chiffres sont éloquents. Les membres du conseil de ville de Saguenay, dont certains avaient refusé d’adopter ce budget 2024, ont constaté qu’on vient de présenter un bilan indiquant un surplus de 22 M$. Personne n’a semblé surpris, si ce n’est que la conseillère Mireille Jean a constaté qu’on avait fait payer le contribuable en trop. Au contraire, certains s’en sont réjouis. L’analyse démontre pourtant qu’on a sous-estimé les revenus et que les contribuables ont déboursé dans les deux dernières années près de 14% de trop pour constituer des surplus.

TAUX DE TAXATION PARMI LES PLUS ÉLEVÉS

Dans son analyse du budget de 2024, l’économiste Gilles Bergeron constate que pour le maintien des actifs et pour répondre aux nouveaux besoins, l’administration compte principalement sur l’augmentation des taxes des contribuables. À Saguenay, on ne se gêne pas, les taux de taxation sont parmi les plus importants des villes du Québec. Et l’économiste Bergeron d’ajouter: «la dette est plus élevée et elle augmente plus rapidement que dans les autres villes».

La moitié des dépenses en 2024 a servi à payer des salaires et des charges sociales. On a créé 92 nouveaux emplois en plus d’ajouter 20 hauts salariés aux ressources humaines. La modernisation des services, ça se paie.

Non seulement l’augmentation du compte de taxes est plus élevée qu’ailleurs au Québec, mais elle dépasse largement l’augmentation des salaires des contribuables.

L’EFFET INFLATIONNISTE

Parce que la hausse des taxes touche aussi bien le résidentiel que les secteurs industriel et commercial.

Or, chez les industriels comme chez les commerçants, la hausse du compte de taxes est refilée aux clients. Les propriétaires de logements glissent subtilement la hausse à travers une augmentation de loyer. En somme, c’est toujours le citoyen qui doit payer, favorisant une poussée inflationniste qu’un budget municipal véritablement équilibré pourrait éviter.

FONDS DE RESERVE

Si on additionne le surplus financier de 2023 à celui de 2024, la ville vient de se créer un fonds de réserve de 40 M$. Une réserve qui permettra à la ville de donner l’illusion qu’elle construit alors qu’en réalité une grande partie de cette réserve ira aux dépenses de fonctionnement et à celles de la réorganisation administrative (ajout de services).

Et ces surplus serviront aussi à payer les frais juridiques pour la défense de la mairesse, ceux impliquant la ville contre l’ex-DG de la STS et ceux touchant la poursuite de l’ex-greffière. Et ce n’est pas fini: le budget 2025 nous annonçait une augmentation de taxe de 1,97 %, avant qu’on découvre que la hausse réelle du compte de taxes est de plus de 6%. Ainsi s’annonce un autre important surplus pour 2025, même les conseillers peuvent le voir venir.
 

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